Médipole de Bourgoin

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Il a passé 25 heures sur un brancard...

Gaston Bourdon a passé plusieurs heures aux urgences. Il en est finalement sorti, faute de lit pour l’accueillir.

Son passage aux urgences de l’hôpital Pierre-Oudot au Médipôle à Bourgoin-Jallieu, Gaston Bourdon s’en souviendra longtemps. Un parcours du combattant pour ce monsieur de 87 ans, résidant à Montalieu-Vercieu.

C’était il y a quelques semaines. Gaston Bourdon est arrivé aux urgences de l’hôpital vers 17 h 45, par ambulance. « J’avais des douleurs terribles à l’estomac, se souvient-il. En arrivant, on m’a mis sur un brancard dans la salle d’attente. » Et c’est tout. Gaston Bourdon attend ainsi sur son brancard jusqu’à 23 heures. Puis une infirmière déplace le brancard dans un box. On lui fait une prise de sang. Et il attend de nouveau.

À minuit, on pratique une radio et à 1 heure du matin on lui pose une sonde à l’estomac. « Je souffrais toujours terriblement. Je suis resté sur mon brancard dans mon box jusqu’à 8 heures le lendemain matin. Puis, n’y tenant plus, j’ai interpellé une infirmière pour qu’elle me retire ma sonde, car j’avais trop mal à la gorge. Et j’ai encore attendu. »

À 11 h 30, Gaston Bourdon est emmené pour passer un scanner abdomino-pelvien. Puis on le ramène, toujours sur son brancard, cette fois dans la salle d’attente. Et plus rien. Jusqu’à 17 heures.

« Un médecin est venu me voir pour me dire que j’avais une petite hernie hiatale. Il m’a dit que je devais passer un examen endocrinologique mais que je ne pouvais pas le faire à l’hôpital car ils n’avaient plus de lit disponible pour moi. Je devais donc rentrer chez moi. Sur mon ordonnance, il y avait de prescrit un lavement, du Spasfon et du Dafalgan. C’est tout. Ma fille, qui était avec moi, s’est franchement inquiétée. Depuis l’hôpital, elle a téléphoné à la clinique d’Ambérieu-en-Bugey. Elle a décrit mes douleurs et la clinique nous a trouvé un créneau pour le lendemain. On a quitté les urgences. »

Le lendemain, Gaston Bourdon arrive à la clinique d’Ambérieu. « J’ai été pris en charge tout de suite par un médecin qui a diagnostiqué un très important ulcère à l’estomac. J’ai été hospitalisé six jours, placé sous perfusion quelques jours et j’ai dû avoir une transfusion sanguine. »

Depuis sa mésaventure, Gaston Bourdon va mieux. Mais il reste très marqué. « En tout, je suis resté 25 heures sur un brancard ! À 87 ans ! Franchement, je me suis senti très mal. C’est un hôpital ultramoderne, avec une capacité d’accueil énorme et on me dit qu’on n’a pas de lit pour m’hospitaliser. Si je témoigne, c’est surtout pour alerter l’hôpital sur le fonctionnement de ses urgences, il faut changer les choses. »

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Pour le directeur de l’hôpital : « La place de ce monsieur n’était pas aux urgences »

Pour Raymond Gasquez, directeur de l’hôpital Pierre-Oudot, il n’y a pas eu de dysfonctionnement dans la prise en charge de Gaston Bourdon : « Nous avons là, comme souvent, un exemple du mauvais usage des urgences, affirme-t-il. Ce monsieur a déclaré qu’il avait mal depuis 10 jours quand il s’est présenté aux urgences. Il aurait dû réagir plus tôt, et prendre rendez-vous avec un gastro-entérologue ou un gériatre, à l’hôpital ou ailleurs, au lieu d’attendre le dernier moment.

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La douloureuse question des effectifs

Raymond Gasquez, directeur de l’hôpital, est catégorique : le personnel est assez nombreux. On compte une vingtaine de médecins urgentistes et une trentaine d’infirmiers. En terme de places, il y a 15 boxes aux urgences (contre 10 dans l’ancien hôpital) et 15 places en unité post-urgences (contre 12 auparavant).

Pourtant, selon les syndicats, tout n’est pas rose. « Il y a 7 infirmières la journée et 4 la nuit, dont une au Smur, explique Carole Verdier, secrétaire FO. Le problème c’est surtout la nuit. Quand l’infirmière part avec le Smur, les autres ne sont plus que 3. C’est peu. On a aussi un problème de lit. Il y a donc des patients qui restent hospitalisés dans les boxes. Et le lendemain, il faut s’en occuper, en plus des nouveaux patients qui arrivent. Et les boxes sont déjà pleins. Les agents sont débordés, les conditions de travail ne s’arrangent pas. »

Carole Verdier le reconnaît, « avec ce nouvel hôpital, nous avons un bon outil de travail. Et nous devons être capables de prodiguer des soins à tous. Le problème c’est qu’on est de plus en plus dans une logique de rentabilité. Ça me choque venant de l’hôpital public. »

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« Le ministre en personne a pris de mes nouvelles »

Gaston Bourdon a dû raconter sa mésaventure à de nombreux journalistes. Il a même reçu un appel du ministre de la Santé.

« Le ministre en personne me l’a confirmé au téléphone : rester 25 heures sur un brancard aux urgences avant d’être prié de regagner son domicile est une situation anormale ! »

Interpellé hier matin par nos confrères de RTL sur le dossier Gaston Bourdon, après que le témoignage de cet octogénaire soit paru dans le Dauphiné Libéré lundi 30 janvier, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a assuré qu’une enquête administrative serait ouverte.


Le ministre de la Santé s’est aussi engagé à appeler l’octogénaire. Un premier engagement tenu puisqu’hier en fin d’après-midi, le téléphone a sonné chez M. Bourdon à Montalieu-Vercieu. C’était Xavier Bertrand. « Nous avons discuté tous les deux, il a pris le temps de m’écouter et m’a confirmé qu’une enquête sera ouverte, nous confiait hier soir le vieil homme. Il m’a demandé de mes nouvelles et m’a assuré que j’avais fait preuve de bien de patience ! Certes, son appel m’a fait plaisir, mais il a été mis devant le fait accompli et un ministre reste un homme comme un autre ». Il en faut assurément plus pour impressionner ce militaire à la retraite qui, hier toute la journée, a reçu des journalistes venus recueillir son témoignage.

Et comble de l’ironie : alors que Gaston Bourdon patientait sur son brancard aux urgences de l’hôpital Pierre-Oudot, le ministre inaugurait en grande pompe l’établissement. « Ce 29 novembre 2011, nous aurions pu nous croiser… », sourit l’homme. Xavier Bertrand est en effet passé par la salle d’attente des urgences ce jour-là. Une visite qui a cependant échappé à M. Bourdon. « Un ministre, ça ne se déplace pas tout seul. Il est entouré de conseillers, de directeurs de cabinet, de députés… Ce jour-là, je n’ai vu personne », s’interroge l’octogénaire.

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25 heures ! c'est énorme !

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Le ras-le-bol du personnel de l’hôpital

Décidément, l’affaire n’en finit pas de susciter des réactions. L’affaire du vieil homme qui a passé 25 heures sur un brancard à l’hôpital de Bourgoin-Jallieu, avant d’être renvoyé chez lui alors qu’on lui diagnostiquera, par la suite, un ulcère grave à la clinique d’Ambérieu.

Réactions d’abord de la part d’usagers du centre hospitalier Pierre-Oudot, qui parfois ne mâchent pas leurs mots pour raconter une mauvaise expérience dans l’établissement ou qui au contraire apportent leur soutien aux équipes soignantes.

Insultes aux urgences

Et depuis quelques jours, c’est le personnel qui s’insurge contre les conséquences de la médiatisation au plan national de l’affaire. Vendredi, les syndicats CFDT et CGT ont d’ailleurs distribué une lettre ouverte dans les maisons de retraite de Bourgoin-Jallieu et aux représentants de l’agence régionale de santé, chargés de l’inspection demandée par le ministre Xavier Bertrand. « Le personnel du centre hospitalier mérite le respect des usagers », écrivent-ils. Car, depuis quelques jours, il semblerait que la révélation de ce dysfonctionnement ait parfois permis de faire tomber les barrières de la courtoisie la plus élémentaire aux urgences de Bourgoin-Jallieu. « Le personnel s’est déjà fait insulter. Il entend dire que c’est “un hôpital de merde…” Ce n’est quand même pas normal de voir partir en larmes, une infirmière qui a vingt ans de métier, parce qu’elle a reçu une bordée d’injures », se désole Grégory Chabert, secrétaire de la section CGT de l’hôpital.

Alors, les syndicats veulent clamer haut et fort qu‘une telle affaire aurait pu survenir dans n’importe quel hôpital de France : « Même si le CHPO (centre hospitalier Pierre-Oudot, NDLR) a augmenté sa capacité d’accueil, d’autres structures environnantes ont, elles, diminué la leur. La difficulté, pour trouver des lits en aval est donc une réalité pour tous les services du centre hospitalier. Cette problématique nationale résulte d’une demande de soins plus importante qui aspire à plus de résultats sans moyens supplémentaires… », écrivent-ils. Et Grégory Chabert de poursuivre : « On ne tolère pas d’entendre que le nouvel hôpital est une coquille vide, quand certains des employés se sont justement privés de congés d’été pour mener à bien la mise en route de ce nouvel hôpital ! »

N'hésitez pas à lire également les commentaires variés et édifiants sur l'article du Dauphiné :
Le dauphiné

Il y a eu un moment où j'allais aux urgences tous les mois mais c'était encore l'ancien hopital. Le médipole, je ne l'ai pas encore testé. Qui a eu l'occasion d'y aller depuis son ouverture ?