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Société générale : « Les horaires s'allongent, les bureaux se vident »

Frappée par la crise, la Société générale va supprimer 880 postes en France en 2012. Un salarié raconte ce plan social historique de l'intérieur.



C'est du jamais vu dans l'histoire des banques françaises : en 2012, la Société générale va supprimer 1 500 postes dans sa filiale de financement et d'investissement, dont 880 postes en France. Elle ne distribuera pas non plus de dividendes pour l'année 2011.

Paul (qui témoigne anonymement) est cadre depuis quelques années dans l'une des tours de La Défense (Hauts-de-Seine), pour une société de prestation externe à la Société générale. Il décrit à Rue89 le chamboulement provoqué par cette annonce :

« La transformation est douloureuse. On ne vit pas juste une crise financière mais un virage crucial : la refonte totale du modèle de la banque. »

Elle n'est pas propre à la Société générale : les quatre principaux établissements français (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis) vont diminuer leur effectif de 11% d'ici à 2013. Ailleurs aussi, les places financières se délestent d'une partie du personnel et renoncent à des pans complets d'activité.
« On ne sait pas qui part, qui reste, qui sera le chef »

Paul raconte que depuis septembre, toutes les embauches sont gelées à La Défense. Une partie du personnel en fin de contrat n'a pas été renouvelée :

« En ce moment, une personne fait le travail de deux et bientôt de trois salariés. Les horaires s'allongent, les bureaux se vident. Dans mon équipe, on était une cinquantaine. Fin décembre, on n'était plus que vingt environ. »


En souriant, il décrit aussi « l'effet inverse » :

« Ce qui est fabuleux c'est que petit à petit, certains relativisent. Les équipes se ressoudent : on boit des verres le soir ou on tire les rois dans les services. Mais je crois que les gens ont hâte de savoir. »



« Négligences », « défaillances graves »

A la Société générale, qui emploie 40 000 personnes en France, le plan social annoncé en janvier s'accompagne d'un plan d'économies. Objectif : adapter ses activités à la crise de la dette qui touche la zone euro. La valeur boursière de la banque a été lourdement affectée par les turbulences du marché en 2011.

Paul remonte le temps pour retracer la crise :

« Après la guerre, les marchés financiers ont été libéralisés. Les banques se sont alors éloignées de leur fonction de base : collecter les fonds des particuliers, créer de l'épargne. L'argent coulait à flots. Et puis on a découvert avec la crise qu'il n'était pas illimité. »



Paul explique que depuis Kerviel, « beaucoup d'argent a été investi pour sécuriser les activités. » Le trader n'a pas été le seul à faire n'importe quoi : en 2011, l'autorité des marchés financiers a sanctionné la Société générale pour « négligences » et « défaillances graves » dans la gestion de l'une de ses filiales pendant la crise.


« De cette crise, il faut savoir une chose : il y a ce que voit le grand public et ce qu'il se passe réellement. »

Ce qu'il se passe « réellement », c'est la transformation complète de la banque. Paul explique qu'aujourd'hui, les établissements bancaires ne perdent pas d'argent. Nuance : ils n'en gagnent pas suffisamment pour maintenir leurs activités.

« La crise a enfin permis de se poser les bonnes questions. Ça a été une prise de conscience énorme. On ne peut plus se permettre de gaspiller. Les enjeux sont lourds : contrôler le système et revenir à l'activité première de la banque.

Je n'ai jamais vu autant de publicités en ce moment pour appâter le particulier. Car le particulier, c'est finalement l'activité qui rapporte le plus et qui est la plus stable : on l'avait un peu oublié. »

En interne, la transformation n'est pas si simple car, appuie Paul, « on passe d'un extrême à l'autre » :

« C'est carrément toute une mentalité qu'il faut casser. Il y a une telle inertie dans la banque que le changement est lourd. Je travaille avec des responsables qui pensent encore que l'argent n'a pas de limites... »

Rue 89

L'argent a montré ses limites, il faudrait peut-être qu'ils se mettent à la page !

non faudrait juste que les requins de la finance aillent élever les chêvres dans les sommets
histoire de leur faire toucher du doigt la réalité de la vie

parce qu'au final les plus touchés c'est pas eux

Je me dis que pendant que même les salariés des banques vont subir les conséquences de leurs actes, les financiers responsables trouverons toujours un moyen de s'en sortir, et dans le pire des cas vivre sur leurs acquis... et c'est un peu ecoeurant !

c'est clair c'est moche
j'ai une cops qui travaille à la SG, je m'inquiète pour elle

Ca ne veut pas dire non plus qu'ils vont virer tout le monde... entre le départ à la retraite et le non-renouvellement des CDD, ça fait déja du monde d'autant plus qu'ils ont pas mal de contrat de pro à la société générale.

Mais ça veut aussi dire que c'est les précaires (les cdd qui attendent pour être titularisés) qui vont l'avoir dans le baba, comme d'hab !

comme d'habitude, exactement !

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Un « vendu » de banquier, « profiteur de la crise », se rebiffe

Je suis un lecteur régulier de Rue89 et comme beaucoup d'entre eux j'ai une corde socialiste qui résonne en moi, bien plus que le tambour conservateur.
Et pourtant, je suis un vilain banquier (titre qui au passage ne veut strictement rien dire, mon/votre conseiller de clientèle est un banquier, tout comme le directeur de la fusion acquisition).

Qui sommes-nous pour les Français ? Vous, lecteurs de Rue89, vous ne représentez sans doute pas tous le Français lambda, vous êtes souvent issus de grandes agglomérations, avez suivi des études supérieures et jouissez peut-être d'un revenu supérieur à 1 500 euros. Mais ces Français lambda (et vous aussi peut-être), que pensent-ils des banquiers ?

Ils s'enrichissent, vous souffrez

Que nous sommes des vendus, que nous avons sacrifié, mutilé la France, afin de vivre dans nos beaux appartements, de ne manquer de rien, de nous enrichir avec la crise.

Les banquiers s'enrichissent, les Français souffrent. Tel est le message de diversion distillé par la classe politique. Les politiques donnent le sentiment que le monde de la finance avait souhaité cette crise. Que grâce à cette crise, il s'enrichit encore plus « en pariant à la baisse ».

Au vu des cours de Bourse des grandes banques françaises, il ne fait aucun doute qu'elles en sortent renforcées (c'est ironique).

Société générale, BNP Paribas, Crédit agricole... Ces banques ont toutes vu leurs capitalisations boursières divisées par deux depuis un an. Qui souffre le plus de la crise si ce ne sont les banques ?

La crise tue aussi les banques

La crise tue les banques et au sein de chacune, ses métiers – de votre conseiller aux banquiers internationaux. Stigmatiser un secteur, c'est stigmatiser des entreprises, des individus. Les banques en France emploient plusieurs centaines de milliers de personnes. Arrêtez de dire qu'elles sont les ennemies de la France.

La France a commis une erreur en s'endettant plus que de raison pendant des décennies. Argent prêté par les marchés financiers. Rejetons la faute sur celui qui a fait l'erreur de nous prêter de l'argent plutôt que de remettre en cause les emprunteurs. Les banques ont perdu énormément d'argent avec la Grèce, ce fut une catastrophe pour elles et la zone euro.

Vengez-vous donc !

Si vous pensez que les banques vous volent et gagnent tellement d'argent avec
la crise, rien ne vous empêche de vous faire justice vous-même et parfaitement légalement : achetez quelques actions de banques françaises (ce ne serait qu'un risque mesuré pour vous étant donné le pognon qu'elles brassent) et – je vais sûrement vous annoncer un truc exceptionnel – les banques redistribuent une partie de leurs bénéfices (enfin de leur butin) à leurs actionnaires.Vous serez vengé.

Prendre à partie un corps social est une stratégie classique pour remporter une élection. Je ne nie pas qu'il y a des abus, et des choses à changer. Mais la question n'était pas là. Réduire le débat à l'idée que « les banquiers sont les grands méchants et nous, les politiques, on va botter le cul des méchants », me semble vraiment aussi court qu'un scénario hollywoodien.

Rue 89

Citation :

Rejetons la faute sur celui qui a fait l'erreur de nous prêter de l'argent plutôt que de remettre en cause les emprunteurs.

oui bien sur
les crédits à la consommation proposés qui génère du surendettement
c'est les vilains particuliers qui ne savent pas les utiliser

Je pense plutot qu'il parle de ceux qui ont contracté les emprunts au niveau du gouvernement. Je ne crois pas qui'l soit question de l'endettement des particulier, mais celui du pays.

ok tu as raison j'ai lu trop vite

le secteur de la banque c'est un secteur comme ls autres, avec des salariés et qui participe a faire vivre l'economie